Transhumanisme et dopage sportif

Je pense que personne n'est passé à côté du shitstorm qu'a généré la chronique de Yannich Noah dans Le Monde (http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/11/19/la-potion-magique-par-yannick-noah_1605664_3242.html). Pour faire simple, il dénonce les inégalités nationales en terme de répression du dopage sportif et propose à la fin d'"accepter le dopage" (était-il sérieux ?)

Pourtant le dopage sportif est aussi un sujet qui devrait nous intéresser. Que pensez vous du dopage sportif ? Etes vous tous unanimement d'accord pour dire qu'il ne pose aucun problème d'ordre éthique (même s'il en pose d'ordre sanitaire) ?

Comme toujours : pour quoi faire, le dopage ?

Cela m'a toujours amusé, cette répression anti-dopage, principalement sur le tour de France, alors que les étapes y sont faites pour être spectaculaires, et par conséquent, sont quasiment impossible à parcourir sans être dopé.
Le monde du sport veut à la fois avoir une belle image de fair-play (en considérant le dopage comme du non-fair-play, ce qui n'est pas une position indéfendable : cela tend à mettre tout les concurrents au même niveau) et être extraordinaire, elle veut épater ses spectateurs, puisque c'est comme ça qu'il les attire. "Voilà ce qu'est capable de faire un homme, et sans dopage attention messieurs dames, c'est la véritable valeur de cet homme que vous voyez-là."

Je pense qu'on part sur le chemin de l'acceptation du dopage, progressivement. Le pro-dopage pensera plus à la performance et au spectacle, et l'anti-dopage à la "leçon de vie" qu'est le sport, et c'est cette première vision qui prend peu à peu du terrain. Dans cette vision, le spectateur avide de spectacle et le sportif avide de performance trouvera de l'intérêt au dopage, et c'est bien pour cela qu'il est aussi fréquent, sans compter en plus les intérêts financiers.

Moi, personnellement, je ne vois pas l'intérêt de se doper pour cela, mais si d'autre en trouve, malgré les problèmes sanitaires, je ne vois pas quoi leur rétorquer. Je dirais même que je comprend : si je le pouvais, je doperai ma créativité, moi aussi, peut-être même malgré les problèmes sanitaires.

Globalement d'accord avec Brainstorm,

Le mot "dopage" n'est qu'un terme négatif pour dire "augmentation", mais c'est l'augmentation + la triche.
Or, le sport n'interdit pas l'augmentation en soit. Les sportifs ont le "droit" d'améliorer leur performances par divers moyens. C'est la "règle" qui, bien que modifiée et révisée en permanence, définit le licite et l'illicite. Il existe une quantité de substances utilisée de manière licite par les sportifs.
Quand les navigateurs de la Solitaire du Figaro tiennent trois jours sans dormir en avalant café sur café (et va savoir quoi d'autre), personne ne va leur chercher des histoires. Pourtant, qu'est-ce d'autre que l'augmentation de leur capacité de veille grâce à une substance "dopante" ?

Le problème, comme le souligne bien Brainstorm, ne vient donc pas à mon avis de l'augmentation. Je pense aussi que celle-ci devrait progressivement être admise - celle d'origine chimique, comme celle d'origine mécanique ou biomécanique, ou bioélectronique, etc.
Non, le problème vient des principes dominants qui sous tendent notre société capitalistique : recherche du profit maximal => recherche du spectaculaire => pression énorme sur les sportifs candidats à la gloire.

Pour moi, la question éthique est : "Compte tenu de ce contexte, dans quelle mesure le sportif qui choisit l'augmentation effectue-t-il un choix libre ?"

Mais attention, je pense qu'il est pratiquement impossible de répondre de manière absolue à cette question. Ce choix dépend forcément de tout un ensemble de facteurs, et la pression du système ne représente que l'un d'entre eux. Tel athlète la subissant au maximum pourrait dire qu'il assume complètement et qu'il n'agit pas sous l'effet de la pression. Après, le problème reste qu'on en retrouve parfois mort dans leur chambre d'hôtel victime d'une overdose …

La seule "solution"/piste qui me paraisse valable, c'est donc de chercher à faire baisser cette pression économique. Les autres facteurs, tous ceux qui poussent les athlètes au dépassement de soi, à la sublimation, sont bien suffisants.

A+

Ps : j'entendais ce matin mon cadet réviser sa leçon sur les Jeux olympiques dans l'antiquité. Il y apprenait que les vainqueurs repartaient avec comme toute gratification leur couronne de lauriers ou d'oliviers et la reconnaissance de leur cité.