Quelles que soient les augmentations à venir, je ne pense pas que nous ayons beaucoup à modifier les grands principes qui ont été fixés dans les systèmes démocratiques pour garantir la stabilité de nos sociétés, du moins tant que nous pouvons nous référer à la notion de « personne ».
Ces grands principes sont ceux inscrits dans des Déclarations comme la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ou la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen par exemple :
- Respect de la dignité de la personne
- Respect de la liberté individuelle fondamentale
- Liberté des uns bornée par celle des autres
- Égalité en droit et en dignité
- …
Là où il nous faudra travailler, c’est sur le dépassement de la notion « d’homme » ou même « d’humain » dans ces textes.
Il existe déjà un débat international parmi les Transhumanistes pour savoir par quoi nous pourrions remplacer « homme » ou « humain ». Personnellement, j’argumente pour proposer « individu conscient », ou « personne consciente » (au sens de consciente de soi et des autres).
Mais pour revenir à ton interrogation, en effet, je pense aussi que les pouvoirs publics, représentant les intérêts de tous, devront intervenir au moins un minimum pour réguler et éviter les excès.
Une augmentation est sans doute à considérer comme une prolongation de soi, donc de la même manière qu’un outil ou qu’une arme. Il n’est pas interdit de se promener avec une clé anglaise, mais il est interdit de frapper avec sur la tête de son voisin.
Pour les armes, le port de certaines sont permises dans des conditions bien déterminées, pour des personnes déterminées et pour des usages précis. Comment n’en irait-il pas de même pour des augmentations à venir ?
Donc, le laser industriel dans les yeux serait probablement réservé à certaines personnes pour lesquelles le législateur estimerait qu’il y a suffisamment davantage d’intérêt à leur permettre cette augmentation que de risque qu’elles l’utilisent de façon détournée.
Quant à ton idée d’implantation de fonction limitative « non voulue », elle me paraît en effet probable. Néanmoins, « non voulue » ne devra pas signifier « imposée » mais « concédée ».
Je m’explique. Dans le cas de notre laser industriel, la réglementation pourrait imposer au candidat que cette augmentation soit accompagnée d’un système de limitation, mais la personne concernée pourrait toujours finalement refuser l’augmentation si les conditions imposées ne lui conviennent pas.
En fait, le problème principal risquerait de se poser exactement comme aujourd’hui, en terme de respect du droit du travail : dans quelle mesure la pression sociale (patronale ?) laisserait-elle libre de son choix le candidat à l’augmentation ?
Pour ce qui est d’une « amélioration de l’Éthique », je dirais qu’il s’agit d’une recherche perpétuelle, depuis les premiers philosophes, en passant par les humanistes de la Renaissance jusqu’au Transhumanistes d’aujourd’hui. Je pense qu’il nous faut continuer à prôner l’amélioration des conditions de l’Éducation, le partage des connaissances, l’accès à la science, afin d’augmenter la perception par chacun d’une conscience des intérêts communs, car l’Éthique, comme le rappelait J.M. Besnier encore la semaine dernière lors de la dernière conférence sur les nanotechs à Orsay, c’est aussi l’art de répondre à la question : « comment bien vivre ensemble ? »
Enfin, une réponse éventuelle à ta dernière question – « Si un jour la chose devient possible, devra t-on légalement et biologiquement bannir toute "mauvaise pensée" lors de la conception des enfants? », me semble se heurter à une imprécision fondamentale.
Dans un organisme vivant, évolutif, procédant par mutations et adaptations (un cerveau humain par exemple), évoluant de surcroît dans une société elle même en constant changement, comment penser définir par avance et de manière définitive ce que sera une « mauvaise pensée » ?
A+