Mes deux pennies.
- Bien qu’il m’arrive d’utiliser l’expression « libre arbitre », pour favoriser la communication quand j’ai l’impression que cela veut dire quelque chose pour mon interlocuteur, ou pour un lectorat donné, personnellement, je l’évite le plus possible. Je rejoints donc PLC et Eugène lorsqu’ils qualifient cette idée d’illusion ou de concept métaphysique. D’ailleurs, autant que je sache, ce concept, nous le devons principalement à Saint-Augustin – pas un héraut de la pensée matérialiste celui-là …
Donc, de mon point de vue, la « fin du libre arbitre » n’est pas seulement le futur mais tout autant le présent et le passé de l’humanité.
Par ailleurs, si la question de PLC signifie en fait « la fin de la croyance dans la notion de libre arbitre », alors il ne s’agit que d’une évolution des mentalités et ma réponse à la première question est positive. Mais ceci n’est pas dû au transhumanisme. C’est simplement la conséquence des progrès de la pensée rationnelle.
Par contre, ma réponse à la seconde question était et demeure négative. A mon avis, l’humanité n’a jamais eu besoin de l’illusion du libre arbitre pour éviter le nihilisme. Ce qui se passera peut-être, c’est que, après la phénoménologie, l’existentialisme et d’autres pensées philosophiques, le transhumanisme pourrait aider à ce qu’une telle conception devienne dominante.
- Car en effet, à quoi bon … le libre arbitre ?
A mon avis (mais je ne suis pas tout à fait le seul ;-) ni le déterminisme théorique, ni l’absurdité fondamentale du monde ne font disparaître la possibilité d’un sens et d’un intérêt du monde et de l’existence humaine.
Pour ma part, je me contente très bien d’une petite mixture de Spinoza : « Persévérer dans son être » – et de Sartre : « c’est à l’humain de définir le sens de son existence. » On peut y rajouter une pincée de Héraclite/Nietzsche « Deviens ce que tu es » mais cela revient à peu près au même.
Manque plus qu’à savoir ce que nous sommes et la direction que nous voulons choisir ;-))
Mais en fait, j’ai une petite idée sur la question. Je propose de redire, après tant d’autres, que
1) nous ne sommes jamais qu’une forme du vivant (=> recherche de la perpétuation de supports moléculaires portant l’information même de son principe de perpétuation – ex : l’ADN) ayant atteint
2) un stade d’évolution à partir duquel un système d’information rétroactif nous renseigne sur nous même, sur le monde et surtout nous permet de nous projeter intellectuellement et virtuellement loin dans ce monde, vers le passé comme vers l’avenir. En un mot : la conscience.
En suivant ce raisonnement, j’en arrive à proposer de considérer que le sens de l’humain est principalement de donner les meilleures chances possibles à la perpétuation de l’aventure de la conscience.
Et pour maximiser ces chances, au jour d’aujourd’hui, les conceptions transhumanistes me paraissent les plus adéquates.
- Un dernier mot sur l’idée de déterminisme.
Je pense que tout déterminisme absolu ne peut être que théorique ou métaphysique. En effet, pour savoir déterminer, et encore mieux, pré-déterminer, il faut connaître la totalité des données originelles, à toutes les échelles et de façon diachronique. Or une telle connaissance totalisante – non relative à l’observateur – ne se trouve pas dans le monde. Elle ne peut être que conceptuellement métaphysique, ou divine – ce qui revient au même.
Autrement dit, notre science du réel peut bien progresser sans cesse, elle peut remettre en question nombre de croyances ou même de savoirs trop vite établis comme définitifs, elle n’en épuisera néanmoins jamais le réel (sauf si vous pensez que le réel puisse être fini – mais à mon avis, dans ce cas c’est que vous manquez d’imagination ;-)
A+