Bonjour,
Je m’excuse d’upper un sujet du mois d’octobre mais je pense que la questions est importante pour deux raisons :
- Elle fait partie intégrante du référentiel de compétence des transhumanistes, à savoir un document qui servirait de base de réflexion sur les améliorations souhaitables de l’humain 2.0, et les améliorations non souhaitables.
- Elle touche l’un des caractères sacré de la vie - j’entends par là un caractère commun à toute vie évoluée, héritée de nos plus lointains ancêtres.
Mais avant de répondre à cette question, il faut se rappeler ce qu’est la douleur.
- “La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en terme d’un tel dommage” (1979 - Association internationale de l’étude de la douleur)
- La douleur est un ressenti/une sensation/une émotion. Elle naît au niveau du cerveau et non en périphérie (au niveau des membres et des organes). C’est l’interprétation que fait notre cerveau de différents stimuli qui est à l’origine du ressenti ‘douleur’. Si vous n’en êtes pas convaincus je vous laisse vous renseigner sur les “douleurs fantômes”. Une douleur de la main, quand vous n’avez plus de bras, signe bien le fait que le signal est (mal) interprété par votre cerveau.
- La douleur est un caractère commun à la quasi-totalité (voire la totalité) des espèces vivantes sur la planète. Elle est le signal réflexe d’une atteinte organique (plus ou moins) et permet la préservation de la vie, et de la bonne santé. Quand vous vous brûlez, c’est la douleur engendrée qui fait que vous retirez la main du feu en quelques millisecondes (et que vous limitiez les dégâts). Quand vous vous brisez les os, c’est la douleur qui vous immobilise afin de déplacer le moins possible les os cassés, et permet donc de limiter le risque de vous perforer un artère ou de vous léser un nerf.
- Mais la douleur est aussi le premier moyen d’apprentissage : ce qui fait mal, bah on l’évite. Il suffit de voir les colliers pour chiens qui libèrent une petite décharge électrique à chaque aboiement. Et bien entendu, c’est pareil chez l’homme : le feu ça brûle, les ronces ça pique, etc.
- Et pour finir, il faut bien garder en tête que la douleur est le principal symptôme qui va permettre aux médecins d’orienter leur diagnostic : la douleur au ventre à droite pour l’appendicite, la brûlure quand on fait pipi pour l’infection urinaire, bref, lisez un manuel de médecine pour vous rendre compte que sans douleur, le médecin serait complètement désarmé.
Pour conclure, je dirais que la douleur en tant que signal, tient le rôle principal dans la préservation de la vie et de la santé. La question n’est donc plus “doit-on éliminer la douleur” mais “comment peut-on ressentir différemment la douleur”. Effectivement, il faut garder ce signal qui nous informe consciemment des anomalies qui siègent en nous, mais il faudrait pouvoir le moduler, de façon à ce qu’il ne soit plus désagréable, tout en gardant la réaction réflexe qu’elle engendre !
La question se pose donc pour les enfants : ils n’ont pas la maturité nécessaire pour se passer de la douleur. S’il n’apprennent pas que le feu ça brêle, ils se jetterons sans hésiter dans les flammes...
Pour élargir la question, je vous laisse trois pistes de réflexion :
- Pourquoi certaines personnes sont plus sensibles à la douleur ? (une question de modulation cérébrale peut-être ?)
- Repensez aux entraînements des forces spéciales qui tendent à les rendre plus résistants vis-à-vis de la douleur, afin de résister à la torture.
- Le principe de la douleur est d’avoir une réaction réflexe permettant de diminuer l’exposition à un facteur nocif. Un arc réflexe est une chaîne d’action-réaction qui ne passe pas par la conscience pour aller plus vite. Dans l’optique du transhumanisme, on peut envisager une augmentation de la vitesse de traitement de l’information. Pourra-t-on alors un jour se passer de nos réflexes en faveur d’une réaction consciente face aux nociceptions ?
En espérant ne pas vous avoir ennuyés avec mon monologue, cela me ferait plaisir d’en discuter avec vous.